L'Enfer des choses. René Girard et la logique de l'économie

Jean-Pierre Dupuy – Paul Dumouchel – L'Enfer des choses. René Girard et la logique de l'économie - Seuil - 1979

Les auteurs entreprennent d’appliquer à l’analyse économique les thèses de René Girard sur la mimesis d’appropriation et la théorie du bouc-émissaire.

Selon la tradition libérale en économie, l’activité économique permet de réduire la rareté. Il ya en fait deux types de rareté à prendre en compte, la rareté absolue génératrice de violence et la rareté relative qui permet de stimuler l’économie et, en favorisant l’intégration des plus pauvres, de réduire la violence existant au sein de la société. Pour les auteurs, cette thèse n’est pas tenable car elle suppose les besoins donnés une fois pour toutes et en mesure d’être satisfaits ce qui va à l’opposé des enseignements de Marshall Sahlins sur les sociétés d’abondance.

            Pour les auteurs, la violence à l’origine de l’économie est à rechercher dans la révélation du Christ qui, en rendant inefficaces les sacrifices, privent les sociétés d’une possibilité de purger leur violence interne par l’utilisation d’un bouc-émissaire. Il n’y a donc pas de frein à la crise mimétique et celle-ci va se développer ans le domaine des besoins et de la rareté. La rareté relative institue donc le monde moderne de la même manière que le Sacré instituait le monde traditionnel. Dans cette crise mimétique provoquée par la rareté, tout participant à l’échange est un bouc-émissaire potentiel mais tous étant en mesure de s’exclure mutuellement il n’y a pas d’aboutissement à la crise mimétique.

Il n’y a donc pas à espérer réduire la violence interne aux sociétés par l’activité économique, bien au contraire.

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