SIMMEL - NOTES SUR L'AVENTURE

L'AVENTURE

( extrait de "philosophie et modernité" - Payot - 1990).

 

- Ce qui caractérise l'aventure c'estd'abord sa séparation, discontinuité, avec le reste de la vie. C'est notamment le fait qu'elle n'est pas rattachée au passé et qu'elle n'a pas de lien avec l'avenir. En cela c'est une forme close semblable à une oeuvre d'art.

- Cependant il peut arriver que la vie entière soit perçue comme une aventure. On a alors conscience de l'existence de quelque chose qui englobe cette vie. On se rapproche ici du sentiment religieux.

- L'aventure est une "forme"  constituée par deux principes :

            + L' individu croit à ses forces internes pour surmonter les obstacles.

            + Le hasard, ou le destin, a une place importante et est pris comme une donnée maitrisable par l'aventurier. Là où le calcul nous inciterait à ne pas agir (quand il y a trop de hasard) c'est ce qui pousse l'aventurier à agir.

C'est l'addition et la séparation de ces deux principes qui caractérisent la forme de l'aventure.

L'addition et la conjonction de cette force personnelle dont l'aventurier est sûr et de ce tte chance dont il n'est pas sûr, forment la base de la sécurité pour l'aventurier.

- L'aventure amoureuse est l'aventure par excellence en le sens où elle dissocie nettement ces deux éléments. Toutefois c'est plus le cas pour l'homme que pour la femme pour qui l'absence "d'action" (d'initiative) dans ce cas réduit la part "d'aventure".

- Donc l'aventure est une forme qui peur recouvrir n'importe qul contenu, n'importe quel type d'expérience.

- L'aventure étant fondée sur l'opposition entre l'intérieur (les forces internes) et l'extérieur (le hasard) et étant caractérisé par son immédiateté, l'aventure est proche de la jeunesse (et de l'esprit romantique) mais éloignée de la vieillesse. En effet cette dernière est cactérisée soit par une hypertrophie intérieure, les aspects extérieurs étant délaissés, soit par une atrophie des forces internes, la vie n'étant plus faite que de petites habitudes quotidiennes.

- En fait toute expérience de la vie comporte une part d'aventure car on y retrouve toujours, à un degré ou un autre, les deux principes et que, pour vivre, nous sommes fréquemment obligés de traiter ce qui est imprévisible comme si c'était prévisible (cf Berger, Luckmann "La construction sociale de la réalité"). Il y a donc un continuum qui va de la vie bourgeoise à l'aventure mais il y a un "seuil" qui nous fait entrer dans le domaine de l'aventure.

- De manière plus générale toutes les formes étudiées par Simmel se retrouvent dans tous les aspects de la vie : forme artistique, religieuse, aventureuse,...

 

 

 

 

 

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