TRAVAIL DIRIGE : LES JEUX TELEVISES, MIROIRS DE LA SOCIETE?
LES JEUX TELEVISES version définitive.docLES JEUX TELEVISES version définitive.doc
Ou en ligne ici :
http://ses.ac-orleans-tours.fr/php5/pedagogie/pedagogie_par_niveau/premiere/jeux_televises.htm
CE T.D. A FAIT L'OBJET D'UN COMPTE-RENDU DANS "LE MONDE TELEVISION"
"La société est-elle devenue lacrymale ?"
LE MONDE | 23.02.09 | 08h04 • Mis à jour le 23.02.09 | 08h04 https://www.lemonde.fr/vous/article/2009/02/23/la-societe-est-elle-devenue-lacrymale_1158270_3238.html
Professeur de sciences économiques et sociales au lycée Descartes de Tours, Thierry Rogel mène avec des élèves de 1re un travail sur les jeux télévisés. Sa recherche montre que ceux-là peuvent, comme n'importe quel autre programme, transmettre ou refléter des valeurs et des comportements sociétaux. Ses conclusions sur l'évolution de ces jeux en disent long. L'une d'elle, la progression des gains qui correspond à l'importation des Etats-Unis de "La roue de la fortune", coïncide avec les années 1980, en pleine époque du "fric roi", de l'argent facile et décomplexé.
Thierry Rogel note également un déclin des compétences. Dans les années 1950-1960, elles relevaient majoritairement du savoir scolaire ("L'homme du XXe siècle") ou d'un savoir spécialisé ("Monsieur cinéma").Il en subsiste toujours ("Des chiffres et des lettres", "Question pour un champion" ou "Fort Boyard").
Mais, précise l'enseignant, "la demande des compétences évolue". Elle relève parfois de l'inédit comme la connaissance du prix des produits par exemple ("Le juste prix") ou la capacité à attirer la sympathie ("Loft Story"). Auparavant, le candidat se présentait comme "quelqu'un de supérieur, en termes de connaissances, face au téléspectateur, poursuit l'enseignant. Cet écart s'est réduit jusqu'à ce qu'il devienne équivalent, voire inférieur, au téléspectateur. Ce dernier est donc passé d'une situation d'admiration à une situation d'envie". Aujourd'hui, tel "A prendre ou à laisser", certains jeux n'exigent plus aucune compétence et sont soumis aux seules lois du hasard.
Quant aux animateurs, qui naguère entretenaient avec les candidats des relations cordiales et polies, ils créent désormais une connivence qui peut aller jusqu'à la familiarité, voire l'humiliation ("Le maillon faible"). Jeux de rôle, travestissement et déballage de soi (correspondant à l'avènement de la télé- réalité) sont désormais de mise dans les jeux. "La montée de l'émotion est extrêmement frappante, souligne Thierry Rogel. Le recours aux larmes a tout envahi. C'est fou ce que l'on pleure dans les jeux télévisés modernes : parce qu'un ami est exclu, parce qu'on a perdu ou parce qu'on a gagné. La société est-elle devenue lacrymale ?" Elle a en tout cas fait tomber la frontière entre expression publique et sentiment privé. Entre le spectacle et l'intime.
Véronique Cauhapé
Le 28 Juillet 204, Véronique Cauhap a à nouveau fait référence à ce TD dans un article intitulé "Les sept péchés capitaux de la télé : l'envie". Extrait ci-dessous
"Rendre le cerveau du téléspectateur disponible, justement, certaines chaînes vont s’y employer avec entrain. Le téléspectateur n’y verra que goutte. Ainsi ne prend-il sans doute pas conscience que certains programmes, en évoluant, délaissent leur mission d’éducation au profit de desseins moins honorables. Lors d’un travail dirigé qu’il a mené avec des élèves de 1re sur les « Jeux télévisés : miroir des changements sociaux », Thierry Rogel, professeur de sciences économiques et sociales au lycée Descartes de Tours, a notamment montré comment l’augmentation des gains, dans les jeux des années 1980, a encouragé le goût pour l’argent facile.
Cette hausse des gains (avec notamment, en 1987, l’importation des Etats-Unis de « La Roue de la fortune » sur TF1) s’accompagne d’un déclin des compétences exigées. Dans les années 1950 à 1970, celles-ci relèvent majoritairement du savoir scolaire (« L’Homme du XXe siècle ») ou d’un savoir très spécialisé (« Monsieur cinéma »). « Du cinéphile averti au calculateur véloce dans Des chiffres et des lettres, le candidat apparaît comme quelqu’un de supérieur aux yeux du téléspectateur, souligne Thierry Rogel. Un écart qui va tendre à se réduire peu à peu, jusqu’à ce que le candidat devienne équivalent, voire inférieur au téléspectateur. Ce dernier n’est alors plus dans une situation d’admiration vis-à-vis d’un demi-dieu mais dans la situation d’envie ou de moquerie. » (Lien vers l'article : http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/07/28/les-sept-peches-capitaux-de-la-tele-l-envie-3-7_4462699_3246.html)
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