Henry LEYRET : EN PLEIN FAUBOURG - Notations d'un mastroquet sur les moeurs ouvrières - Ed. Les nuits rouges - 2000
Henry Leyret, journaliste, décida d’acquérir un bistrot parisien afin d’observer les habitudes de ses clients ouvriers, ce qui lui permit de publier “en plein faubourg” en 1895. Dans son témoignage, le bistrot est avant tout un lieu de détente et de repos où l’ouvrier va parler des femmes, de ses enfants, de l’argent mais c’est aussi le cabaret où chacun peut pousser sa chansonnette; c’est le lieu des discussions et, bien sûr, de l’alcoolisme. C’est là aussi que l’on se plaint de son patron, que l’on parle salaires et syndicats. Et c’est bien sûr le lieu de réunions publiques et des discussions politiques. Henry Leyret nous relate tout cela dans une langue claire et avec un style enlevé où ses idées percent çà et là. Ce n’est donc pas un travail sociologique mais un témoignage précieux sur la classe ouvrière au siècle dernier. Le mieux est encore d’en lire un court extrait :
“On vient en famille, on s’amuse en chœur, chacun dit “la sienne” dans un silence complet. Si la voix est bonne, bien timbrée, plaisante, tant mieux! ce n’est que double plaisir; si elle est inexpérimentée, désagréable, fausse, et c’est généralement le cas, malheur à qui en rirait! on lui ferait un mauvais parti. Chantez bien, chantez mal, n’importe! on vous applaudit ferme, et à chaque fois revient, avec une désespérante monotonie, la phrase consacrée pour exciter les applaudissements trop tièdes :
- Messieurs! n’oublions pas que c’est pour un ami.”
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