ANTOINE REGLE LA CRISE ECONOMIQUE AU CAFE DU COMMERCE

OBJECTIF DE LA SEQUENCE : dans ce texte un certain nombre de protagonistes échangent des arguments sur la crise économique. Il s’agit de retrouver, à l’aide des arguments échangés, à quel courant appartient chaque protagoniste.

Il y a deux versions de ce texte : une avec quatre courants théoriques, une avec six courants.

 

 

ANTOINE RÈGLE LA CRISE ÉCONOMIQUE AU CAFÉ DU COMMERCE.

VERSION SIMPLE QUATRE COURANTS

 

            Antoine est allé faire un tour au café du commerce. Il y a tellement longtemps qu’il n’y avait pas remis les pieds  qu’il était impatient d’y retrouver ses collègues de comptoir qui, suivant les jours, étaient sélectionneurs de l’équipe de France de Foot, critiques à la Star’Ac ou économistes chevronnés.

Pour l’heure , tous discutaient de la crise économique et tous fustigeaient la nullité « des experts qui n’avaient rien venu venir alors que tout était évident ».

Tous les habitués étaient là, Damien, Kader, Paolo et Clémentine, la seule fille du groupe.

 

Antoine : Alors ?  Vous êtes toujours en train de refaire le monde ?

 

Paolo (hilare) : A ton avis, il n’en aurait pas besoin ?

 

Clémentine : Nous étions justement en train de parler de la crise et de la façon d’en sortir. Inutile de te dire que nous ne sommes d’accord sur rien, reprit Clémentine. Heureusement que nous nous entendons bien ! (ajouta-t-elle en levant son verre de kir)

 

Damien : D’accord sur rien, c’est peu de le dire. Clémentine n’arrive pas à admettre que la crise est due aux excès de la libéralisation des marchés.

 

Clémentine : Je pense que la libre initiative est pratiquement toujours préférable à l’intervention de l’Etat mais j’admets qu’il puisse y avoir quelques justifications à son intervention , en cas de monopole par exemple…

 

Damien : Il est pourtant évident que c’est l’excès de la liberté des marchés qui a causé cette crise et que nous ne pourrons en sortir qu’en stimulant la consommation.

 

Kader : Et l’investissement !

 

Damien : …et l’investissement aussi ! Tu as raison !

 

Kader : Et l’investissement surtout ! Mais pas comme tu le penses, Damien ! Il ne suffit pas que les entrepreneurs soient incités à acheter de nouveaux équipements, il faut surtout valoriser la nouveauté, les nouvelles inventions, les innovations ; c’est comme cela que nous pourrons repartir sur un nouveau cycle.

 

Paolo : Je crois que tout le monde sera d’accord là dessus. L’innovation est essentielle mais il ne faut pas que çà se fasse à n’importe quel prix !

 

Clémentine (avec un regard malicieux) : C’est à dire ?

 

Paolo : Tu me vois venir! Evidemment, si la sortie de crise se fait comme d’habitude avec une pression sur les salaires…on peut être sûr que çà recommencera d’ici peu. De toutes façons, la manière dont çà fonctionne nous voue aux crises récurrentes…

 

Clémentine : C’est çà ! Avec l’exploitation et la lutte des classes ! Epargne nous tes vieilles lunes.

 

Paolo : Parfaitement ! Et apparemment ces lunes rajeunissent de jour en jour !

 

Clémentine : Et la crise finale aussi ?

 

Paolo : En tout cas, on est bien partis

 

Clémentine : Mais non ! Le système se règle parfaitement tout seul ! Les crises ne sont que des accidents passagers et elles ne durent que parceque l’Etat intervient trop. Il n’y aura jamais de crise finale. Mais on s’y prend si mal que les problèmes risquent de durer! Injecter de la monnaie dans l’économie, baisser les taux d’intérêt et développer les dépenses publiques comme on le fait en ce moment, c’est plutôt dangereux.

 

Damien : Et pourquoi donc ?

 

Clémentine : Parce que ce sera inflationniste.

 

Damien : Créer de la monnaie et baisser les taux d’intérêt, çà ne peut être qu’inflationniste d’après toi ? Ça ne peut pas relancer l’activité économique ?

 

Clémentine : Bien sûr que non !

 

Damien : Et bien moi je pense que si !

 

Paolo l’approuva d’un hochement de tête.

 

Clémentine : Et le déficit budgétaire… A ton avis ? Ca ne va pas amener des problèmes ?

 

Damien : Je vois de quoi tu veux parler ! C’est vrai que ce n’est pas sans effets pervers mais son effet de relance sera plus important que ses inconvénients.

 

Jusque là, Antoine n’avait rien dit et écoutait attentivement. Damien se retourna vers lui.

 

André : Et toi Antoine, tu n’as pas quelque solution miracle ? tu serais bien le seul !

 

Antoine : Si ! J’ai la solution qui réconcilierait tout le monde. Je suis pour la relance par la consommation de …

 

Pascal : ..consommation de quoi ?

 

Antoine : Consommation de tournées. C’est moi qui commence ! Vous prenez quoi les gars ?

 

Le patron du café intervint alors :

 

Patron : Antoine ! Si tu songes à te présenter aux présidentielles , je crois que je voterai pour toi !

 

 

QUESTIONS :

1) Comment la création monétaire et la baisse des taux d’intérêt peuvent elles relancer l’activité économique ? Pourquoi cela peut il être inflationniste ?

 

2) Expliquez précisément comment un déficit budgétaire peut relancer l’activité économique. Quelles sont les limites évoquées par Pascal ?

 

3) Pascal évoque les notions « d’exploitation » et de « lutte de classes ». De quoi s’agit il ?

 

4) Expliquez la notion d’innovation.

 

5) Il y a cinq protagonistes (Clémentine, Paolo, Kader et Damien) et chacun représente un courant théorique particulier parmi les suivants : schumpeterien, marxiste, keynesien, libéral. Associez chaque protagoniste à un courant en justifiant votre réponse (indiquez le plus de justifications possible).

 

 

 

ELEMENTS DE CORRIGE

 

Clémentine : favorable au retrait de l’Etat avec quelques nuances. Elle est libérale.

 

Paolo : crises récurrentes, exploitation, lutte des classes. Il est marxiste.

 

Kader valorisation de l’innovation. Schumpterien.

 

Damien : la crise vient des excès de la libéralisation, stimulation de la consommation et de l’investissement (demande), favorable à la création monétaire et au déficit budgétaire. Keynesien

 

 

 

 

 

 

ANTOINE RÈGLE LA CRISE ÉCONOMIQUE AU CAFÉ DU COMMERCE.

VERSION AVEC SIX COURANTS ECONOMIQUES

 

            Antoine est allé faire un tour au café du commerce. Il y a tellement longtemps qu’il n’y avait pas remis les pieds  qu’il était impatient d’y retrouver ses collègues de comptoir qui, suivant les jours, étaient sélectionneurs de l’équipe de France de Foot, critiques à la Star’Ac ou économistes chevronnés.

Pour l’heure , tous discutaient de la crise économique et tous fustigeaient la nullité « des experts qui n’avaient rien venu venir alors que tout était évident ».

Tous les habitués étaient là, Damien, Pascal, Kader, Paolo, André et Clémentine, la seule fille du groupe.

 

Antoine : Alors ?  Vous êtes toujours en train de refaire le monde ?

 

Paolo (hilare) : A ton avis, il n’en aurait pas besoin ?

 

Clémentine : Nous étions justement en train de parler de la crise et de la façon d’en sortir. Inutile de te dire que nous ne sommes d’accord sur rien, reprit Clémentine. Heureusement que nous nous entendons bien ! (ajouta-t-elle en levant son verre de kir)

 

Damien : D’accord sur rien, c’est peu de le dire. Clémentine n’arrive pas à admettre que la crise est due aux excès de la libéralisation des marchés.

 

Pascal : Moi je suis parfaitement d’accord avec Clémentine !

 

Clémentine : oui mais je trouve que tu vas trop loin, Pascal ! Je pense que la libre initiative est pratiquement toujours préférable à l’intervention de l’Etat mais j’admets qu’il puisse y avoir quelques justifications à son intervention , en cas de monopole par exemple…

 

Pascal : Non, non ! Même en cas de monopole, l’intervention de l’Etat est de toutes façons mauvaise. C’est bien à cause de cela que nous sommes en pleine crise économique ! Si vous voulez sortir de la crise faites confiance à l’initiative privée.

 

Presque tous se récrièrent.

 

Damien : Mais enfin, Pascal, tu délires ! Il est bien évident que c’est l’excès de la liberté des marchés qui a causé cette crise et que nous ne pourrons en sortir qu’en stimulant la consommation.

 

Kader : Et l’investissement !

 

Damien : …et l’investissement aussi ! Tu as raison !

 

Kader : Et l’investissement surtout ! Mais pas comme tu le penses, Damien ! Il ne suffit pas que les entrepreneurs soient incités à acheter de nouveaux équipements, il faut surtout valoriser la nouveauté, les nouvelles inventions, les innovations ; c’est comme cela que nous pourrons repartir sur un nouveau cycle.

 

Paolo : Je crois que tout le monde sera d’accord là dessus. L’innovation est essentielle mais il ne faut pas que çà se fasse à n’importe quel prix !

 

Pascal (avec un regard malicieux) : C’est à dire ?

 

Paolo : Tu me vois venir, Pascal ! Evidemment, si la sortie de crise se fait comme d’habitude avec une pression sur les salaires…on peut être sûr que çà recommencera d’ici peu. De toutes façons, la manière dont çà fonctionne nous voue aux crises récurrentes…

 

Pascal : C’est çà ! Avec l’exploitation et la lutte des classes ! Epargne nous tes vieilles lunes.

 

Paolo : Parfaitement ! Et apparemment ces lunes rajeunissent de jour en jour !

 

Pascal : Et la crise finale aussi ?

 

Paolo : En tout cas, on est bien partis

 

Pascal : Mais non ! Le système se règle parfaitement tout seul ! Les crises ne sont que des accidents passagers et elles ne durent que parceque l’Etat intervient trop. Il n’y aura jamais de crise finale.

 

Clémentine approuva Pascal du bout des lèvres et elle se tourna vers André.

 

Clémentine : André, tu n’as encore rien dit. Qu’en penses tu ?

 

André : Je suis encore sur une autre position. Je crois que Paolo a raison de dire que le système est soumis à de multiples contradictions mais, contrairement à lui, je ne crois pas à une crise finale. Je pense que le capitalisme se transforme au cours de chaque crise, c’est pourquoi je suis un peu d’accord avec Paolo et un peu avec Kader. Comme, en plus, je pense que l’action de l’Etat n’est pas négligeable pour aboutir à un nouveau fonctionnement économique, je ne suis pas très loin de Damien non plus. Bref, je complique un peu les choses !

 

Pascal : En tout cas, on s’y prend mal ! Injecter de la monnaie dans l’économie, baisser les taux d’intérêt et développer les dépenses publiques comme on le fait en ce moment, c’est du délire !

 

Damien : Et pourquoi donc ?

 

Clémentine : Pascal a raison dans le sens où ce sera inflationniste.

 

Damien : Créer de la monnaie et baisser les taux d’intérêt, çà ne peut être qu’inflationniste d’après toi ? Ça ne peut pas relancer l’activité économique ?

 

Pascal : Bien sûr que non !

 

Damien : Et ben moi je pense que si !

 

Paolo l’approuva d’un hochement de tête.

 

Pascal : Et le déficit budgétaire… Quel délire ! Ca ne peut amener qu’à des problèmes.

 

Damien : Je sais de quoi tu veux parler ! C’est vrai que ce n’est pas sans effets pervers mais son effet de relance sera plus important que ses inconvénients.

 

Jusque là, Antoine n’avait rien dit et écoutait attentivement. André se retourna vers lui.

 

André : Et toi Antoine, tu n’as pas quelque solution miracle ? tu serais bien le seul !

 

Antoine : Si ! J’ai la solution qui réconcilierait tout le monde. Je suis pour la relance par la consommation de …

 

Pascal : ..consommation de quoi ?

 

Antoine : Consommation de tournées. C’est moi qui commence ! Vous prenez quoi les gars ?

 

Le patron du café intervint alors :

 

Patron : Antoine ! Si tu songes à te présenter aux présidentielles , je crois que je voterai pour toi !

 

 

QUESTIONS :

1) Comment la création monétaire et la baisse des taux d’intérêt peuvent elles relancer l’activité économique ? Pourquoi cela peut il être inflationniste ?

 

2) Expliquez précisément comment un déficit budgétaire peut relancer l’activité économique. Quelles sont les limites évoquées par Pascal ?

 

3) Pascal évoque les notions « d’exploitation » et de « lutte de classes ». De quoi s’agit il ?

 

4) Expliquez la notion d’innovation.

 

5) Il y a six protagonistes (Clémentine, Paolo, Pascal, Kader, André et Damien) et chacun représente un courant théorique particulier parmi les suivants : libéral, « autrichien » (ou libertarien ou « ultra libéral » ou hayekien), marxiste, schumpeterien, régulationniste, keynesien. Associez chaque protagoniste à un courant en justifiant votre réponse (indiquez le plus de justifications possible).

 

 

 

 

CORRIGE

 

Clémentine : favorable au retrait de l’Etat avec quelques nuances. Elle est libérale.

 

Pascal : favorable au retrait de l’état dans tous les cas et à l’initiative privée, les crises sont passagères, monnaie inflationniste, opposé aux dépenses publiques, opposé au déficit budgétaire. Il est hayekien

 

Paolo : crises récurrentes, exploitation, lutte des classes. Il est marxiste.

 

Kader valorisation de l’innovation. Schumpterien.

 

Damien : la crise vient des excès de la libéralisation, stimulation de la consommation et de l’investissement (demande), favorable à la création monétaire et au déficit budgétaire. Keynesien

 

André : contradictions du capitalisme, le capitalisme se transforme. Régulationniste.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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