Biancanieves

Blancanieves de P. Berger Et de trois ! Après le « Blanche-Neige » de Arsem Singh et « Blanche-Neige et le chasseur » de Rupert Sanders, voici la troisième adaptation de l’année du célèbre conte. Mais cette fois ci, il s’agit d’une adaptation très libre, l’histoire se passant à Séville dans le monde de la tauromachie des années 1920. La vie de la petite Carmencita ne commence pas sous les meilleurs auspices : sa mère meurt en couches en lui donnant naissance et, à la suite d’un accident au cours d’une corrida, son père, célèbre torero, reste paralysé et à la merci de l’infirmière Encarna. Cette dernière convoite la fortune du torero et elle fera en sorte que Carmencita ne puisse pas grandir auprès de son père et soit élevée par sa grand-mère. Mais à la mort de cette dernière, Encarna, l’infirmière, est bien obligée de recueillir cette enfant qui la dérange ; c’est là que Carmencita rencontrera son père en cachette et apprendra grâce à lui tous les secrets de l’art tauromachique. Après le décès de celui-ci, elle s’enfuira et sera recueillie par une troupe de nains toreros avec lesquels elle entamera une tournée triomphale à travers l’Espagne, acquérant une célébrité qui finira par faire ombrage à sa belle-mère.  C’est ici qu’on retrouve le conte traditionnel : l’horrible belle-mère tentera de tuer Carmencita mais sera éliminée par les nains.

Le récit joue avec les références : on y retrouve non seulement le conte de Blanche-Neige mais également le mythe de Faust et sainte Blandine. Là dessus se branche une belle histoire d’amour qui organise magnifiquement la fin du film.

Mais la force du film tient avant tout au fait que, tourné en 2011, il s’agit d’un film muet en noir et blanc et le réalisateur connait bien son histoire du muet. Certaines scènes semblent droit sorties de la filmographie des années 1910 -20 alors que d’autres rappellent plutôt le Buñuel des années 30. Les hommages, bien que discrets, sont nombreux : Pablo Berger cite Eric Von Stroheim (« les rapaces »), Abel Gance et Dreyer mais aussi Browning (les références à « Freaks » sont évidentes). Ai-je eu la berlue en percevant aussi Murnau et Borzage ? On croit même retrouver par instants la teneur de ces films pour enfants des années 60, notamment lorsque Carmencita joue avec son coq apprivoisé.

Enfin, il faut signaler la qualité  de la musique du film.

Un film émouvant et vraiment splendide qu’il ne faut pas tarder à aller voir... On aurait pu craindre que le concept du film (noir et blanc et muet) ne le prive d’un grand public mais espérons que les très nombreux prix reçus lui donneront une véritable notoriété  (notamment les dix « Goyas » obtenus en 2013)

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