LA SAGA VIVENDI

VIVENDI ET LE GROUPE LAGARDERE FACE A FACE.

(Texte écrit en 2003)

 

De la « Compagnie Générale des eaux» à Vivendi.

A l'origine, il y avait la "Compagnie Générale de eaux" (CGE), créée en Décembre 1853, et chargée d'alimenter diverses communes en eau. Plus d'un siècle après, de 1980 à 1986, la CGE développe ses activités dans le domaine de l'eau, de la propreté, du transport, de l'énergie et de l'aménagement. En 1983, la « vieille dame » se lance dans la communication en participant à la création de « Canal Plus », première chaîne à péage en France et, en 1987, de SFR (téléphonie mobile). Un virage est pris en 1996, quand Jean-Marie Messier devient PDG de la CGE et crée Cegetel, anticipant sur l’ouverture au secteur privé du marché des télécommunications, ouverture qui aura lieu en 1998 (en effet, le marché des télécommunications était jusqu’à cette époque un monopole d’Etat et, à partir de cette date, des opérateurs privés pourront intervenir). En 1992, la CGE lance « canal satellite » et, en 1997, rachète « Nethold », deuxième opérateur de télévision à péage. Puis, toujours en 1997, la CGE achète 30% d’Havas, très vieille entreprise spécialisée dans la communication et l’information.

 

Le grand changement a lieu en 1998, lorsque J.M. Messier décide de changer le nom de la « Compagnie Générale de Eaux » en une Société Anonyme, « Vivendi », et opère une reconversion totale de ses activités. L’entreprise était spécialisée dans la distribution de l’eau mais l’ambition de Messier est d’en faire un « poids lourd » sur le marché de la communication et du divertissement. Pour cela, il entreprend une fusion avec Havas (1998), crée « Vivendi net » qui regroupe l’ensemble Internet de Vivendi et, en 2000, Messier crée « Vivendi Universal », issu de la fusion de Vivendi, Canal Plus et Seagram (maison mère de la firme audiovisuelle « Universal »). « Canal + », en plus d’être une chaîne de télévision, est un des plus gros producteurs français de films de cinéma ; quant à Seagram, société canadienne, elle est présente dans le cinéma et la musique. Le groupe « VU » (« Vivendi Universal ») rassemble les activités médias et communication de Vivendi (télévision, production audiovisuelle, musique, cinéma,…). La même année, il pratique une « joint venture » (accord de coopération) avec vodafone, leader de la téléphonie mobile et crée Vizzavi, le portail Internet de Vivendi. Le pôle « communication » est donc intégré dans l’ensemble « Vivendi Universal. Les activités traditionnelles de Vivendi (distribution de l’eau) sont, elles, intégrées dans « Vivendi Environnement », lequel est introduit en 2000 en bourse à Paris et New-York. En 2001, Vivendi acquiert MP3, leader de la distribution de la musique en ligne.

 

            En 2001, Vivendi devient donc un géant présent dans les domaines suivants :

-          La musique avec, comme filiales, Decca, Deutsche, Grammophon, Island, Motown,…

-          L’édition avec « Vivendi Universal Publishing » qui regroupe : Larousse, Plon, La Découverte, Nathan,…

-          L’audiovisuel : Canal+, Universal Pictures, 13ème rue, Canal satellite,…

-          Les télécommunications : Cegetel, SFR, filiales en Hongrie, à Monaco,…

-          L’internet : ifrance, Allociné, MP3 France, MP3 Espagne,…

-          L’environnement (« Vivendi Environnement ») : Vivendi Water s’occupe de la fourniture et du traitement de l’eau en France avec la CGE, aux USA avec US filter,… Onyx s’occupe du traitement des déchets, Dalkia des réseaux de chauffage urbain, Connex s’occupe du transport. Enfin, Vivendi possède des actions à hauteur de 27,7% dans l’entreprise espagnoles FCC qui se charge de la gestion des déchets ménagers.

NB : Universal n’est pas forcément intégralement propriétaire de chaque filiale : par exemple, il ne possède que 44% de Cegetel mais cela suffit pour le contrôler).

            Quelle était la stratégie de Messier à travers tous ces rachats ? Il cherchait à opérer une concentration verticale : par exemple, la création d’un portail Internet lui aurait permis de diffuser des films de la firme Universal ou de feuilletons produits par « Canal + » et Havas aurait apporté le contenu de ses journaux et de ses maisons d’édition.

            Vivendi étant une société cotée en bourse, toutes ces acquisitions ont fait que beaucoup ont espéré que Vivendi ferait des bénéfices importants. Si cela s’était produit, les actionnaires de Vivendi auraient reçu de très importants dividendes . On comprend pourquoi les cours des actions ont monté en flèche en bourse (en même temps que l’ensemble des actions des autres entreprises, notamment celles associées à Internet).

 

L’échec de la stratégie de Vivendi.

            Hélas, Messier entama ces stratégies de rachat d’entreprises au moment où les cours de bourse étaient les plus élevés et dut s’endetter pour cela. Une telle stratégie d’endettement n’est valable que si les acquisitions permettent à l’avenir de faire des profits suffisamment importants pour rembourser ces dettes. Mais les marchés, notamment dans le domaine d’Internet et du cinéma, se développèrent moins vite qu’espéré et le groupe Vivendi se retrouva trop lourdement endetté. Comme, en plus, les cours des actions, en général, se mirent à chuter, les actionnaires perdirent confiance dans Vivendi et revendirent leurs actions (le cours de Vivendi se mit alors à chuter). Il faut ajouter à tout cela que Vivendi, après toutes ces diversifications, apparaissait aux yeux des actionnaires comme un conglomérat présent partout mais insuffisamment spécialisé.

            Depuis 2002, le nouveau PDG, Jean-René Fourtou, a du vendre de nombreux actifs de l’entreprise, notamment l’ensemble de « Vivendi Universal Publishing », mais aussi l’éditeur américain « Houghton Mifflin » , le pôle « presse grand public » (groupe « Express-Expansion »), « Canal + Technologies »,… Toutes ces ventes devraient permettre de rembourser les dettes du groupe mais aussi de pratiquer un « recentrage » (une spécialisation ») sur la téléphonie mobile, secteur d’avenir. Les recettes tirées de la vente de « VUP » lui permettront d’accroître les parts de Vivendi dans Cegetel.

 

La structure du groupe en 2003

            Vivendi contrôle toujours six filiales importantes :

+ Le groupe Cegetel (opérateur téléphonique), filiale à 70% de Vivendi

+ Universal Music Group (filiale de Vivendi à 92%) : en 2002, 25% des albums de musique vendus dans le monde le sont par Universal.

+ Vivendi Universal Entertainment ( filiale de Vivendi à 86% ) : production de longs métrages (TV, Dvd, video), de programmes de télévision, de parcs à thèmes.

+ Groupe Canal+ (filiale de Vivendi à 100%)

+ Maroc Telecom (filiale de Vivendi à 35%) : téléphonie fixe, mobile, internet.

+ Vivendi Universal Games (filiale de Vivendi à 99%) : jeux interactifs et logiciels éducatifs.

 

Chiffre d’affaires de l’ensemble du groupe pour le 1er semestre 2003 : 12 364 millions d’euros

Résultat d’exploitation : 1 677 millions d’euros.

 

 

 

 

 

 

 

 

            La « structure actionnariale » au 29 Août 2003 (Part possédée de capital, en %):

 

« Groupe Liberty media » : 3,49%

« Famille Bronfman » : 3,47%

Philips : 3,01%

Cdc : 1,78

Citigroupe inc : 1,69

Salariés : 1,62

S.G. : 1,03

UBS Warburg : 1,02

 

Saint – Gobain : 0,96

- BNP Paribas : 0,79

Vivendi Environnement : 0,54

 Seydoux : 0,31

AXA : 0,03

Autodétention : 0,02

Autres actionnaires : 80,24 %

 

Total des Actions :

1 072 150 954

(100%)

 

 

 

 

Le cas de V.U.P. (Vivendi Universal Publishing)

            Le 23/10/02, VUP, premier éditeur français et 3ème éditeur mondial, a été revendu au groupe Lagardère, propriétaire de Hachette ; celui ci récupère donc toutes la partie française de VUP (Larousse, Bordas, Nathan,…), plus l’éditeur espagnol Anaya, les britanniques Harrap’s et Chambers et les sud américains Atica, Scipion et Aigue mais « Vivendi Universal » conserve, pour l’instant, l’américain « Houghton Mifflin ».

Cette solution inquiète beaucoup de gens : en effet, Hachette est l’autre grand propriétaire de maisons d’édition (Hachette, Grasset, Fayard, Stock, Harlequin,…). Ce rachat lui permettrait de contrôler 80% de l’édition scolaire, 80% des livres de poche et 70% de la distribution des livres, et de devenir le 1er éditeur français, le 3ème européen et le 5ème mondial. Les petits éditeurs indépendants s’inquiètent du risque de ne pas pouvoir faire face à cette concurrence, le marché allant vers une situation de monopole. Aussi ont ils porté l’affaire devant le conseil de la concurrence et les autorités de Bruxelles. En effet, Lagardère pourrait avoir un recours à la publicité inaccessible aux petits éditeurs mais, surtout, c’est lui qui, par l’intermédiaire de Hachette et de Nathan, distribue la majorité des livres des éditeurs indépendants dans les librairies.

            Pour l’instant, ce rachat de VUP (appelé maintenant Editis) est en suspens.

            Les syndicats s’inquiètent également : le rachat de leur entreprise ne risque-t-il pas d’aboutir à des restructurations et à des licenciements, notamment dans l’encadrement et le secteur administratif (gestion, comptabilité,…) ; c’est pourquoi la CGT organisa un rassemblement devant les locaux de « Vivendi Universal ».

(sources : site « vivendiuniversal.com », Le Monde du 23/10/02, du 24 /10/02 et du 25/10/02, Libération du 23/10/02, La croix 18/07/02, du11/03/984/12/00 et du 16/04/02, Capital de Juin 1999, le Monde dossiers et documents de Mai 2003, Le Monde du25/10/03).

 

QUESTIONS

(vous répondrez aux questions suivantes en vous servant du texte et des divers ouvrages fournis)

Partie I : statuts juridiques des entreprises.

1) Qu’est ce qu’un Société Anonyme ? En quoi ce statut est il différent des autres statuts d’entreprise ?

 

Partie II : Stratégies d’entreprises.

2) Quels sont les domaines d’activité de la CGE à son origine ? Quels sont ceux de Vivendi ?

 

3) Les domaines ‘activité ont peu à peu changé. Cela s’est il fait par hasard où y a-t-il eu de bonnes raisons à ces changements ?

 

4) Expliquez les termes suivants :

+ Fusion, absorption, prises de participation.

+ Concentration horizontale, Concentration verticale, Concentration conglomérale.

Cherchez dans le texte des exemples correspondant à chacun de ces termes.

 

5) Pourquoi Vivendi cherche-t-il à s’étendre à l’étranger ?

 

6) Pourquoi Vivendi cherche-t-il à se recentrer sur le téléphone ?

 

Partie III : Coûts de production et résultats.

7) Expliquez les termes suivants :

Chiffre d’affaires, bénéfice, coûts de production.

 

8) A partir de l’exemple de la production d’un film de cinéma, vous rechercherez quels sont les éléments essentiels entrant dans le coût de production (question à faire à l’aide de votre propre réflexion).

 

Partie IV : sources de financement.:

9) A partir de quels éléments Vivendi a-t-il financé ses activités ? De manière plus générale, quelles sont les sources de financement possibles d’une entreprise ?

 

Partie V : la bourse et l’activité de l’entreprise.

10) Expliquez les termes : action, dividende.

11) Expliquez ce que signifient les donnés en gras (dans le tableau sur la structure actionnariale du groupe – cf Troisième partie : structure du groupe en 2003).

12) Pourquoi le fait de ne posséder que 44% de Cegetel ne pose-t-il pas de problèmes à Vivendi ?

13) Pourquoi une augmentation des bénéfices d’une entreprise fait elle augmenter le cours des actions de cette entreprise ?

 

Partie VI : les dangers d’un monopole.

14) Pourquoi le rachat de VUP par le groupe Lagardère inspire-t-il des craintes ? (+ annexes)

15) Qu’est ce qu’un syndicat ? Donnez quelques noms de syndicats que vous connaissez.

 

 

 

Commentaires

  • linker dsi
    Très intéressant ce sujet.... merci pour le billet !!!!

Ajouter un commentaire