Take Shelter

TAKE SHELTER de Jeff Nichols – 2012

 Curtis Laforche, conducteur d’engins sur des chantiers, vit avec sa femme et sa fille dans sa petite maison mais, nuit après nuit, il est assailli de cauchemars dans lequel il voit son chien l’attaquer, sa petite fille enlevée et, finalement, une tempête apocalyptique détruisant sa maison. Simples cauchemars ou visions prémonitoires ? Toujours est-il que Curtis décide d’agrandir l’abri anti-cyclone de son jardin pour y abriter sa femme et sa fille. Pour cela il s’endette dangereusement, « emprunte » du matériel sur son chantier, perd son emploi à cette occasion, coupe toute relation avec son meilleur ami et passe pour un fou aux yeux des autres habitants du village. Durant tout le film le spectateur hésite également entre l’hypothèse de la folie (la mère du héros a passé sa vie dans une institution psychiatrique) et celle de rêves prémonitoires.

Le film est constamment à la frontière du fantastique et du réalisme, du « normal » et du pathologique et c’est ce qui le rend si intéressant. Intéressant aussi parcequ’il renvoie à de nombreux éléments de l’actualité récente. Même si elle n’est que suggérée, l’idée de fin du monde est présente, le rappel du Tsunami de 1986 aussi et, en fond, nous avons constamment le rappel de la « crise des subprimes » et la « folie » sous jacente des hommes qui sont près à prendre tous les risques pour protéger leur famille d’un danger réel ou supposé.Voulu ou non, ce film est une métaphore de la crise des subprimes. S’endetter et perdre son emploi pour loger sa famille dans un abri censé la protéger d’un danger réel mais dont la probabilité semble faible, est ce si différent du comportement de ces dernières années où des américains se sont surendettés pour acheter une maison censée être la meilleure protection face à un avenir incertain ? Et de même qu’on ne saura jamais vraiment si Curtis Laroche est fou ou non, on ne sait pas dans quelle mesure l’engouement pour la pierre de ces dernières années constitue une folie ou non. Ce film sera probablement considéré à l’avenir comme un des plus représentatifs des doutes qui nous assaillent aujourd’hui.

 

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