LA PANIQUE

LA PANIQUE

Jean-Pierre DUPUY

 Les empêcheurs de penser en rond – 1991

L’auteur présente les deux grandes écoles d’analyse de la panique avant de présenter se propre démarche

L’École Française. Elle prend sa source dans les travaux de Sigmund Freud, Gabriel Tarde et Gustave Lebon. Pour eux la foule provoque une régression des individus qui se mêlent à « l’âme » collective de la foule. La panique est alors un phénomène irrationnel correspondant à un relâchement de la cohésion.

L’École américaine (Quarantelli). La panique n’est pas conçue comme un phénomène irrationnel mais elle correspond à un cas de « rationalité limitée ». On trouve des phénomènes de panique dans des situation de concurrence par exemple concurrence pour l’accès aux sorties d’un local en feu. En revanche, elle n’apparait pas s’il ya suffisamment de sorties ou s’il n’en existe pas du tout. De plus, le phénomène de panique apparait d’autant plus facilement que le lieu est connu pour être propice aux paniques (stade, salles de spectacles,…). Enfin elle apparait d’autant plus facilement que les interactions aboutissent à des phénomènes de prédiction créatrice. Enfin la panique n’est pas nécessairement associée à des situations de catastrophe naturelle car dans ce cas  le comportement reste généralement socialisé.

Foule, panique, marché; On estime souvent que ces trois concepts dont d’ordre différents et relèvent d’analyse distinctes alors que pour l’auteur il n’y a pas d’opposition entre les trois. Dans les conceptions traditionnelles on estime que la foule relève des concepts de chef, de libido (amour du chef) et de contagion (des idées et des émotions). La panique, elle, serait un moment de désocialisation où me narcissisme prédomine ainsi que la contagion et l’absence de réflexion. Enfin, le marché est caractérisé par l’égoïsme individuel et  il n’y aurait pas de contagion d’un individu à l’autre (chaque individu est autonome et rationnel). Pour Dupuy, le passage de la foule à la panique est simplement le passage d’une référence au chef (qui n’est qu’une représentation de la foule) à  la foule elle-même. Contrairement à ce qu’on postule avec le marché walrassien, le marché n’est pas un lieu sans contagion mais parcouru de phénomènes d’imitation (mode,…). Le lien entre marché et panique est clair dans le cas des bulles et  paniques boursières où la stratégie payante est de faire comme les autres avant qu’ils ne le fassent. La panique est alors créatrice d’ordre et de conventions.

Néo connexionnisme des comportements collectifs; Dupuy reprend un modèle construit par Granovetter avec x individus rationnels et une fonction de seuil. Ce modèle montre qu’avec une distribution uniforme il ya peu de distance entre l’ordre et la panique. Dans le cas d’une distribution normale on obtient facilement un comportement « grégaire ».  Il apparait donc inutile de faire une hypothèse d’irrationalité pour comprendre les phénomènes de panique.

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