Le zombie, le lampadaire et le cygne

LE ZOMBIE, LE LAMPADAIRE ET LE CYGNE.

CRITIQUES DE L’ECONOMIE ORTHODOXE EN DEBUT DE MILLENAIRE

 Depuis la crise financière de 2008, la demande sociale d’explications économiques est plus forte que jamais ce qui explique en partie le flot quasi ininterrompu de parutions d’ouvrages économiques. Dans un premier temps, ces livres se sont surtout polarisés sur l’analyse de la crise financière, l’explication détaillée des subprimes, de la titrisation et des CDS, quelques uns se risquant proposer des solutions alternatives. Puis, très vite, s’est imposée l’idée que derrière cette crise financière il y aurait aussi une crise de la « pensée économique », pensée généralement perçue comme un bloc monolithique correspondant grossièrement à ce qu’on appelle parfois le « mainstream », cette idée s’appuyant sur le fait (très contestable)  qu’aucun économiste n’aurait vu venir la crise. A ce titre on a répété à l’envi la déclaration de la reine Elizabeth II d’Angleterre  à la London School of Economics en Novembre 2008 : « Pourquoi personne n'a-t-il vu venir la crise financière ? »

La production éditoriale s’adapta donc et nous eûmes énormément de livres remettant en question « la théorie économique », de manière plus ou moins abrupte, plus ou moins habile, critiques provenant d’auteurs appartenant au cœur du champ de la science économique, pour certains, à sa périphérie pour d’autres, voire totalement extérieurs (sociologues, anthropologues, psychologues,...). Nous proposons ici un passage en revue de quelques uns de ces ouvrages, tous postérieurs à 2008 ou 2009[1].

 

AVEUGLEMENT SOUS UN LAMPADAIRE

Est-il vrai qu’aucun économiste n’aurait vu venir cette crise ? Dans l’ouvrage collectif  « A quoi servent les économistes ?», Christian de Boissieu et Bertrand Jacquillat rappellent que, bien au contraire, les alertes ont été lancées en 2005 et 2006 par Roubini, Shiller, Aglietta,...et bien d’autres[2]. Cela permet donc à  André Cartapanis, dans ce même ouvrage, de tracer une frontière relativement nette entre les économistes  mainstream et les autres. C’est le travail des premiers, et surtout leurs modèles, qu’il faut critiquer. Certains économistes (Krugman par exemple[3]) reprochent à ces économistes d’avoir été plus sensibles à la mathématisation des modèles qu’à leur pertinence. Pour De Boissieu et Jacquillat, ce n’est pas l’essentiel et ils se demandent surtout si ce sont les bons problèmes qui ont été modélisés. Ainsi, ils critiquent les modèles macroéconomiques dans lesquelles la sphère financière est ignorée ou perçue comme parfaite (ce qui est deux manières de dire la même chose) ; ces modèles, disent-ils, n’ont pas la mémoire des crises financières et laissent peu de place à la réflexivité et aux externalités. En clair, si les économistes n’ont pas vu venir la crise c’est que leurs modèles ne le leur permettaient pas. Selon Stoffaes (dans le même ouvrage[4]), en abandonnant les modèles keynésiens au profit des modèles de finance de marché, les économistes des années 2000 ont accordé une caution scientifique aux excès de la finance de cette période.

Si les économistes mainstream n’ont pas abordé les bons problèmes, c’est peut-être parcequ’ils ne se sont attaqués qu’aux problèmes que leurs outils leur permettaient d’aborder. C’est la vieille histoire de l’ivrogne qui cherche ses clés sous un lampadaire alors qu’il les a perdues ailleurs, parce que le lampadaire lui offre la lumière nécessaire ; mais c’est aussi le titre du dernier livre de Jean Paul Fitoussi, « le théorème du lampadaire »[5]. Son ouvrage déborde largement la question que nous nous posons ici mais il lui consacre le premier chapitre intitulé « La théorie à la renverse » et il n’y va pas avec le dos de la cuiller, qualifiant les théories mainstream de « conte pour enfants », titre de la partie dans laquelle il écrit : « Si je pars des hypothèses que, d'une part, la rationalité permet de résoudre tous les problèmes du monde et que, d'autre part, dans le champ de l'économie, l'homme est un individu rationnel, je définis une science où la recherche ne permet pas de progresser, puisqu'elle n'a aucun problème à résoudre. ».

Mais il a aussi ce propos : « Je m'interroge depuis longtemps sur les raisons qui poussent une majorité d'économistes, dont certains parmi les meilleurs, à investir leur intelligence dans la construction de théories dont la complexité le dispute à l'inutilité » (p.22)

Il y aurait donc eu un « aveuglement »  de la part de la majorité des économistes « mainstream ». Mais comment expliquer cet état de fait ? Les économistes mainstream ayant le vent en poupe, ils se seraient laissés prendre par une ambiance générale une « zeitgeist » qui était, selon Cartapanis[6], plus une idéologie qu’une science et étouffa toutes les approches ne relevant pas de leur démarche. On retrouve la même idée sous la plume de Fitoussi : « Mais, plutôt que de tenter d'analyser les nouvelles réalités, la plupart des éco­nomistes entreprirent une course à la théorie pure, rejetant avec mépris toute proposition dont les fondements micro-économiques (l'optimisation du comportement des agents) n'étaient pas impeccablement assurés » (Fitoussi p.22-23).

LE SAVANT ET LE FOU

Comme nous le savons, l’homo oeconomicus est au cœur de ces démarches « mainstream ». Bien sûr, tout apprenti économiste sait que ce personnage ne correspond pas à la réalité mais est un ideal-type au sens de Weber, une simplification utile pour analyse r des problèmes complexes, ce qui n’interdit pas ensuite de « relâcher » les hypothèses pour rendre le concept plus « réaliste » (asymétries d’information, par exemple). Pourtant, « Le triomphe de la cupidité »[7] de Stiglitz ne laisse pas de surprendre : théoricien des asymétries d’information, on pourrait s’attendre à ce qu’il mette cette démarche en avant. On a un tout autre discours : « J’ai vite compris que l’attachement de mes collègues au postulat de la rationalité était irrationnel, et qu’ébranler leur foi ne serait pas simple. J’ai donc choisi l’angle d’attaque le plus facile ; j’ai accepté le postulat de la rationalité, mais j’ai montré que même d’infimes changements dans les hypothèses sur l’information modifiaient entièrement tous les résultats ». (p. 396-397). Loin de l’épistémologie ou de la méthodologie, l’acceptation de l’individu rationnel relève alors de la stratégie et Stiglitz, à propos des modèles à agent représentatif, n’hésite pas à écrire que «  Nombre des conclusions (manifestement absurdes) auxquelles parvient cette école sont dues à ces simplifications extrêmes (...) »  (Stiglitz p. 411). Loin de soutenir cette modélisation, il n’hésite pas à évoquer les travaux de Dan Ariely, psychologue versé dans la science économique et titulaire de la chaire d'économie comportementale (Behavioral Economics) au MIT, lequel développe surtout des expérimentations psychologiques et, qui plus est, aussi souvent sur le terrain et « sauvages » qu’en laboratoire et contrôlées. A travers des expérimentations souvent très surprenantes, il s’attache à montrer que l’individu, et notamment le consommateur, est plus souvent irrationnel que rationnel mais que les entorses à la rationalité qu’il commet sont suffisamment stables pour être prévisibles[8].

L’irrationalité (ou la non rationalité) est également au centre de l’ouvrage d’Akerlof et Shiller,  « Les esprits animaux – Comment les forces psychologiques mènent la finance et l’économie ». Le premier est professeur d’économie à Berkeley - bien connu pour ses lemons et asymétries d’information - et prix Nobel ; le second est professeur d’économie et de finance à Yale. Difficile de les classer « en dehors » du champ reconnu de l’analyse économique. Dans ce livre grand public (donc aisément accessible), les auteurs cherchent à retrouver la radicalité de l’approche keynesienne (par opposition au Keynes de la synthèse) et à s’appuyer sur les résultats de « l’économie comportementaliste » et sur « soixante dix ans de recherches en sciences sociales » (p.7). Ils pensent que le modèle standard actuel ne s’intéresse qu’à une question : « comment  l’économie réagit-elle quand les hommes n’obéissent qu’à des motivations d’ordre strictement  économique et y répondent de façon rationnelle ? » oubliant tous les cas où les motivations sont d’ordre autres qu’économiques et les réponses irrationnelles. S’intéresser à ces autres questions suppose de tenir compte des « esprits animaux » à savoir la confiance, la recherche d’équité (ou du moins l’idée qu’on s’en fait), la mauvaise foi, l’illusion monétaire et le gout des histoires (les auteurs reprennent le concept de storytelling). Comprendre, par exemple, l’ampleur de la bulle immobilière implique que l’on prenne en compte ces « esprits animaux ». Que les emprunteurs fortement endettés et victimes des subprimes, ceux là dont Stiglitz dit qu’ils sont des analphabètes financiers, aient pu être irrationnels, on peut l’admettre. Mais les financiers eux mêmes ? Voila ce qu’en dit un homme de terrain, Bertrand Collomb, président d’honneur du groupe Lafarge, dans la préface de l’ouvrage collectif « L’Economie, une science qui nous gouverne ? » : « J’ai aussi appris à connaitre les financiers. J’ai observé le caractère inévitable des comportements financiers irrationnels. D’aucuns voudraient les discipliner. Je doute que cela soit possible. On peut certes le tenter en leur imposant des règles. Mais modifier leur comportement en profondeur, je n’y crois pas un instant, et j’ai quelques expériences pour appuyer mon jugement ». (p.20).

 

UN MODELE A NE PAS SUIVRE ?

Mais l’irrationalité des individus n’est pas la principale cause de la crise financière que nous avons connue. Paul Jorion, qui s’est trouvé au centre du séisme pour avoir travaillé au sein de Country wide, en a fait l’expérience de terrain et nous dit dans « Misère de la pensée économique » que si la cupidité a eu son rôle dans cette crise, la responsabilité principale est à chercher dans le choix des modèles financiers. Il est maintenant bien connu que les modèles utilisés pour des opérations financières et largement utilisés depuis les années 70, sont totalement inadaptés à la réalité de ces marchés. Parmi tous les livres qui ont abordé ce problème  «  Le virus B – Crise financière et mathématiques »  de Christian Walter et Michel De Pracontal présente l’avantage d’être très pédagogique et accessible à un grand public[9]. Les auteurs montrent que les modèles majoritairement utilisés en finances reposaient sur l’hypothèse du « mouvement brownien » (ou de la courbe de gauss ou la loi normale,…) c'est-à-dire que l’on suppose que les cours des titres devraient s’établir autour d’une moyenne (fixée par la « valeur fondamentale » du titre) et que les phénomènes extrêmes (sous évaluation ou sur évaluation) sont rares.

Mais cette hypothèse  suppose que les évènements sont indépendants, ce qui ne correspond pas à la réalité des marchés. De ce fait, les évènements explosifs sont sous évalués. La crise économique serait donc du non seulement à une crise de la théorie économique mais plus précisément à une crise des modèles, liée à un mauvais choix des hypothèses sous jacentes.

Les critiques provenant d’auteurs reconnus sont donc sévères.  « Pour que l’économie retrouve la raison »[10], livre collectif coordonné par Claude Mouchot est plus radical encore. Reprenant les critiques habituelles sur l’hypothèse de l’individu rationnel, Mouchot invite à distinguer « rationnel » et « raisonnable », insiste sur l’incertitude et le caractère performatif de l’économie et n’hésite pas à titrer un chapitre « Impostures de la théorie orthodoxe ». Il s’agit là d’un ouvrage que j’ai trouvé extrêmement stimulant (même si je ne lui consacre que quelques lignes).

 

 DECEPTION DU COTE DE L’ANTHROPOLOGIE

Mais la critique vient aussi de l’extérieur du champ des économistes, le plus connu de ces critiques étant Paul Jorion. Paul Jorion est apparu comme un trublion dans le monde de la science économique en publiant « Vers la crise du capitalisme américain ? » en 2007, peu de temps avant le déclenchement effectif de la crise des subprimes, annonçant donc non seulement l’imminence d’une crise mais également le fait qu’elle démarrerait dans le secteur des prêts à risque de l’immobilier américain. Jorion n’est pas économiste mais anthropologue (sa thèse a porté sur la fixation des prix sur le marché au poisson de l’ile d’Houat[11]), il est également spécialiste sciences cognitives et enfin il travaillait en 2006 chez Country Wide, c'est-à-dire au cœur même des activités où démarrera la future crise des subprimes. Doit-on attribuer la qualité de ses prévisions à sa formation particulière ou au fait qu’il s’est trouvé au bon endroit au bon moment ? Toujours est il qu’il jouit d’une très grande notoriété (son blog connait entre 10 000 et 20 000 visites par jour) et a une production éditoriale assez impressionnante (une dizaine de livres entre 2007 et 2012) parmi lesquels on peut retenir (pour le propos qui nous concerne ici) « l’argent, mode d’emploi » (2009), « Le prix » (2010) et « Misère de la pensée économique » (2012). Dans « L’argent, mode d’emploi », il entreprend de revoir l’analyse de la monnaie en critiquant notamment les bases mises en place, d’après lui, par Schumpeter[12], et envisage une « véritable révolution » de l’analyse économique semblable à ce que Freud a fait pour la psychologie.  « Le prix » est consacré à une critique de la « loi de l’offre et de la demande » fondée sur un retour à l’analyse d’Aristote. Dans « Misère de la pensée économique » il entreprend de redresser une discipline qui, d’après lui, est partie dans une mauvaise direction depuis, et à cause de, Karl Marx. S’il y a des éléments à retenir (notamment sur sa critique de la création monétaire) force est d’avouer (je dis « avouer » car j’avais mis beaucoup d’espoir chez cet auteur) que le résultat est plutôt décevant. L’explication en est simple : si les réflexions de Jorion sont passionnantes lorsqu’il s’appuie sur ses travaux et sa pratique personnelle (notamment les apports ethnologiques dans « le prix » et son expérience de trader relatée dans « Misère de la pensée économique »), sa critique est limitée par l’insuffisance de ses références théoriques (pour exemple, dans son livre sur l’argent il n’y a aucune mention de Simmel, Simiand, Aglietta, Orlean, Zelizer, …).

En 2011 parait un petit livre d’une centaine de pages titré « L’économie n’existe pas » et écrit par   Bernard Traimond, professeur d’anthropologie à Bordeaux. Critique sans appel reposant sur le fait (avéré) que les termes économiques, et le terme « économie » lui même, sont imprécis et polysémiques, que les modèles utilisés sont souvent bien loin du réel et que l’idéologie y a sa part. L’auteur met le doigt sur le contraste entre un discours devenu dominant et son extrême fragilité. Si l’intention est plaisante, la démolition est un peu sommaire et , minorant la complexité et la diversité des recherches économiques, rate sa cible.

 

« Un Fermier attrapa le plus beau des cygnes, croyant tenir une belle oie grasse» (fable)

Mais il existe aussi des économistes qu’on peut situer à la périphérie du champ économique par leur positionnement et leur trajectoire, par  exemple un ancien économiste maintenant présenté comme philosophe (Jean Pierre Dupuy) ou un philosophe devenu financier  qui s’intéresse à la théorie économique (Georges Soros).

Jean-Pierre Dupuy fut probablement un des premiers à importer les travaux de René Girard dans l’analyse sociologique et économique[13]. En 2012, il publie « l’avenir de l’économie »[14], ouvrage dans lequel il s’inquiète de la manière dont l’économie a pu s’autonomiser, perdant tout référent extérieur, pour prendre la place de la politique tout en étant incapable de proposer quelque perspective à la collectivité (« économystification »). L’ouvrage est cependant plus consacré à une approche originale du problème économique qu’à une critique des modèles traditionnels.

Pour Dupuy, la logique « rationnelle » attribuée aux individus par les économistes les rend incapables de s’associer du fait que toute association repose sur la confiance. Toutefois, il est possible de concilier raison économique et raison politique si les hommes perçoivent le même avenir et le perçoivent comme indépendants de leurs actions (« La description de l’avenir est un déterminant de l’avenir » - p 111). Cette « coordination par l’avenir » peut être assimilée à une forme de « prédestination » ce qui permet de distinguer la rationalité classique des économistes et la rationalité qui ressort de l’idée de la prédestination calviniste chez weber. La critique des approches économiques dominantes n’est donc pas au cœur de son ouvrage mais Jean-Pierre Dupuy est bien obligé d’aborder la question à divers moments et il n’est pas toujours tendre. « Peut-on penser l’économie sans être économiste ? Non seulement on le peut mais la pensée de l’économie serait débile si elle restait l’apanage des économistes » (p 21). « Les explications de Becker et de ses nombreux épigones sont souvent baroques et parfois grotesques, ce qui n’a pas empêché la communauté mondiale des économistes de lui faire décerner le prix Nobel en 1992 (...) » (p 165). « Je prétends qu’il faut sortir résolument de la discipline pour comprendre la nature du mal »  (p. 22)

Au cœur de sa démarche, on trouve les concepts de performation, de prédiction créatrice et d’auto transcendance. Parallèlement, Dupuy reproche aux approches traditionnelles en économie d’avoir instauré une distinction entre subjectif et objectif (ou entre objet et sujet) qui ne tient pas dans les sciences du social, et qui ne permet pas de saisir les processus d’imitation. En conséquence, ces approches tendent à privilégier les distributions gaussiennes (courbe en cloche) et les dynamiques empruntées à la mécanique rationnelle ou à la thermodynamique, souvent inadaptées à la compréhension des phénomènes humains qui relèvent de dynamiques mimétiques. Pourtant, il aurait pu en être autrement : « L’économie c’est le champ libre offert au déploiement de ce que René Girard appelle le désir mimétique » (p 120) et les « grands », Smith, Hayek ou Keynes, avaient su théoriser cette imitation mais pas ceux qui les ont suivi.

 On retrouvera des hypothèses semblables dans les livres d’André Orléan (dont les travaux ont été présentés dans apses-info n°59 due Février 2011[15]) qui a tout de même le mérite d’avoir annoncé une crise financière dès 1999 dans « Le pouvoir de la finance »[16]. Il a surtout marqué l’année 2012 en publiant « L’empire de la valeur »[17], ouvrage dans lequel il remet en cause l’idée de « valeur fondamentale » pour lui substituer l’hypothèse de « mimesis d’appropriation » empruntée à René Girard. Dans cette optique, l’erreur des diverses approches économiques, qu’elles soient néoclassiques ou marxistes, est d’avoir pris comme hypothèse que la valeur est inhérente au produit et se construire donc avant tout échange et même toute relation sociale. Pour Orléan, la valeur de l’objet se créé dans l’interaction (et même la confrontation) entre possesseurs potentiels de l’objet. Il envisage donc une révolution en profondeur des théories économiques. Ce livre est souvent considéré comme un des livres majeurs sortis en cette année 2012.

 Orléan cite souvent Georges Soros et leurs analyses convergent en bien des points. Georges Soros est philosophe de formation (élève de Karl Popper), il est le fondateur d’un des principaux fonds d’investissement et fut à l’origine des premiers « hedge funds » dès le début des années 70 et un des principaux responsables des attaques spéculatives contre le S.M.E. en 1992-1993. Sa double casquette de penseur et de praticien, ainsi que le fait qu’il ait prévenu des dangers d’un marché financier libéralisé dès 1995[18], nous interpelle. Dans « la vérité sur la crise financière »[19], paru en 2008, il montre que le fait que l’existence d’interactions entre individus (qui est à la base du phénomène de « réflexivité » concept central dans ses travaux) fait qu’on doit renoncer à l’hypothèse d’indépendance des courbes d’offre et de demande, hypothèse centrale dans les approches « mainstream ». Ses livres, adressés au « grand public », sont d’une lecture aisée et, à mon avis, indispensable.

Les trois auteurs précédents (Dupuy, Orléan, Soros) mettent, chacun à sa manière,  l’incertitude fondamentale au cœur de leurs travaux (et en cela, retrouvent le message keynésien). Cette problématique de l’incertitude fondamentale a fait une entrée fracassante en 2007, juste avant la crise des subprimes (mais parution en 2008 en France), avec le fameux « cygne noir » de Nassim Nicholas Taleb[20] qui fut un des livres marquants de cette période. Pour Taleb, le cygne noir (en référence au cygne noir de Karl Popper) est un événement présentant trois caractéristiques remarquables : il s’agit d’abord d’une « aberration » au sens d’un événement qui sort de nos attentes ordinaires ; ensuite son impact est très fort ; enfin, en dépit de son caractère aberrant, les hommes élaborent après coup des explications concernant sa venue, ce qui laisse croire à sa prévisibilité. Ces événements aberrants et supposés improbables sont, selon Taleb, beaucoup plus fréquents qu’on ne l’imagine habituellement, aussi leur étude est plus cruciale que l’étude des événements ordinaires et répétés. Notre monde est dominé par l’extrême, l’inconnu et l’improbable alors que nous  nous polarisons sur le répétitif et le connu et le prévisible. Comment réagir devant ces phénomènes « aberrants » ? Puisqu’ils sont a priori improbables, mieux vaut, nous dit Taleb, nous adapter à leur survenue plutôt qu’essayer de prédire leur apparition. Bien qu’il ait travaillé sur les marchés fincniers, il e s’agit pas là d’un ouvrage d’économie mais d’un livre d’épistémologie. On rapproche souvent Taleb de Kanheman et de Mandelbrot, ce qui n’est pas surprenant, le premier est théoricien des « biais cognitifs », le second mathématicien et spécialiste des marchés financiers avait prévenu dès le début des années 1960 du danger qu’il y avait à appliquer l’hypothèse du mouvement brownien à la finance[21]

Philippe Herlin se situe explicitement dans la mouvance hayekienne[22] . Son livre « Repenser l’économie »[23] n’a rien d’original mais constitue une tentative de synthèse des différentes critiques faites à l’égard du « mainstream ». S’appuyant sur les travaux classiques de Knight, Schumpeter, Keynes mais aussi plus récents de Jorion, Orléan, Soros, Taïeb ou Liaeter,  il estime qu’il faut remplacer la « loi normale » comme hypothèse centrale de l’analyse par la « loi de puissance », c'est-à-dire prendre en compte la fréquence des phénomènes extrêmes.L’intérêt de la dernière référence au bouquin de Herlin est, au-delà de son ambition de synthétiser els diverses avancées, qu’il est le fruit d’un économiste libéral et hayekien, illustration du fait qu’au delà d’une querelle sur les options liées à la plus ou  moins grande intervention des pouvoirs publics et, à l’inverse, plus ou moins grande liberté des marchés, la question est celle des théories économiques et donc de la méthodologie et de l’épistémologie.

BIENVENUE A ZOMBIESLAND

La violence de la crise financière semblait avoir mis au placard un certain nombre « d’évidences » qui s’étaient installées en trente ans et, en 2008, nous avions eu l’heureuse impression de refaire en sens inverse le chemin parcouru depuis le milieu des années 1980. Hélas, ces idées semblent revenir ces derniers temps aussi bien dans le cadre des politiques mises en place en Europe que par les arguments avancés pour justifier telle ou telle délocalisation fiscale. Qiggin, dont le livre[24] est cité à plusieurs reprises par Fitoussi, analyse la manière dont diverses idées ou thèses ont pu s’installer dans le champ de l’analyse théorique et dans le champ politique avant d’être invalidés par la crise et de revenir (à la manière de ces zombies qui ne cessent de renaitre après chaque mort qu’on leur inflige). Il passe en revue la thèse de la « grande modération » (période allant de la fin des années 1990 à 2007 et caractérisée par une inflation mondiale basse et stable, proche de 2%,, la théorie du ruissellement (Les plus pauvres profiteront de toutes façons de l’enrichissement des plus riches), l’efficience des marchés (les marchés financiers intègrent au mieux l’information disponible sur les titres – cf Fama), l’équilibre des marchés et la suprématie systématique de la privatisation (il ne conteste pas l’intérêt de toutes les privatisations). Le livre n’est pas destiné aux élèves (sauf quelques exceptions) mais, à mon avis, indispensable au professeur de S.E.S.

S’OUVRIR A TOUS LES VENTS

L’enjeu est de taille. Comme l’indique Stiglitz dans « le prix de la cupidité » : « Pour réussir à réformer leur économie, peut-être les Etats-Unis doivent ils commencer par réformer leur science économique » (p.381). Le modèle de base de l’économie mainstream est un calque de la physique classique[25]. Il repose non seulement sur un homo oeconomicus rationnel mais aussi sur une hypothèse d’indépendance des acteurs, c’est un calque des hypothèses de la physique classique. D’après P. Jensen[26], Les physiciens travaillant sur les atomes ont besoin de construire un modèle ideal-typique dans lequel ils utilisent un « atome type » ou « idéal » qui, selon un principe de base, tend à se placer dans l’état où sa dépense d’énergie est la plus faible.  Les atomes étant en interaction, les résultats sont indéterminés, les physiciens ont donc choisi deux solutions pour contourner cet obstacle : supposer que les atomes sont indépendants les uns des autres et n’entretiennent aucune interaction ou utiliser un modèle d’environnement parfait du type « gaz parfait ». Les mêmes questions se posent pour l’analyse économique mais on peut se demander si la démarche de la physique classique est la plus adaptée aux problèmes qui nous concernent. Et si jamais la réalité ne se plie pas à ces modèles, les différents amendements au modèle (asymétrie de l’information, théorie des jeux, …) permettent-ils de surmonter efficacement ces obstacles ? Il est toujours possible d’emprunter à d’autres disciplines scientifiques (physique, biologie,...) que ce soit leurs méthodes ou leurs concepts ou que l’emprunt se fasse sous forme métaphorique (puisqu’on sait qu’il n’y a pas de pensée sans métaphore[27]) mais il faudrait peut être prendre quelques distances avec ce complexe des économistes vis-à-vis des sciences dites exactes (au premier rang desquelles on trouve les mathématiques et la physique[28]).

 On peut parler de « science économique » ; « elle est une science en ce qu'elle doit, quelle que soit la complexité de cet objet, tenter de l'appréhender en termes rigoureux » (Fitoussi p. 27) et  mais « la science économique est une science sociale » (Stiglitz p.396) et elle, au même titre que les sciences dure mais à un degré plus élevé, une « science du débat » : « Ce n'est pas un discours clos sur lui-même, « autiste » : il est au contraire traversé par des débats nombreux et aux implications primordiales en termes de politiques publiques, parfois même en termes de choix d'un modèle de société » (Fitoussi p27). Si je n’ai pas traité ici d’ouvrages relevant du mainstream, ce n’est pas parce que ces travaux sont inutiles mais parce qu’ils ont pris une place inconsidérée et surtout ont étouffé les autres approches possibles ; c’est finalement le message qui ressort de nombreux ouvrages présentés dans cet article. Il n’est pas question de rejeter l’analyse néo-classique mais de faire une place aux analyses keynésiennes (hors de la « synthèse »), aux analyses hétérodoxes de toutes sortes (régulation, conventions, autrichiennes,...) et aux analyses venant d’autres disciplines (ethnologie, sociologie,...). C’est qu’écrit André Cartapanis : « Il importe donc, au-delà de l'agenda de recherche, de réhabiliter la prise de risque scientifique et le pluralisme des démarches, notamment en favorisant les approches inductives (Eichengreen, 2009). C'est d'ailleurs ce qui a conduit tout récemment David Colander (2009) à plaider en faveur du développement d'une nouvelle catégorie d'économistes, à côté des modélisateurs théoriciens, mieux formés à l'application et à l'interprétation des modèles, à l'analyse des données et des institutions, avec des compétences beaucoup plus larges dans le domaine de l'histoire, de la psychologie sociale ou des sciences politiques, afin de pallier la distance qui s'est créée entre la modélisation et l'interprétation des dynamiques économiques ou financières. Il propose ainsi la création d'un nouveau département des sciences sociales appliquées au sein du NSF américain ».(p24)

Toutefois, il ressort de la présentation de cette liste (non représentative) de livres quelques lignes de force : le rôle central de l’incertitude et de l’imprévisibilité, l’importance des aspects « non rationnels » des acteurs, la place centrale des phénomènes de réflexivité. En revanche on ne trouve guère (mais c’est peut-être un artefact du à mon choix arbitraire de livres) de références à l’Histoire, aux différences culturelles,... éléments qui étaient essentiels aux approches hétérodoxes comme à la théorie de la régulation, la théorie des conventions et, plus largement, la sociologie économique. Il en ressort que les tentatives de renouvellement des fondements mêmes de l’analyse économique reposent sur des ouvertures aux autres disciplines, de la littérature avec la mimesis d’appropriation à la psychologie en passant par la sociologie, l’histoire, l’ethnologie, l’ethnographie. Quels sont les éléments que nous devons et pouvons intégrer raisonnablement dans l’enseignement des S.E.S. au lycée ? Voila un débat à venir.

 

SCENE POST-GENERIQUE MAIS PAS DE SPOILER EN VUE.

 Plus d’un an après avoir écrit cet article, je découvre ces propos d’Olivier Blanchard et je vous les livre donc à la suite de la conclusion, un peu comme ces films où l’on insère des scènes après le générique de fin afin d’annoncer une suite. Ici, la suite annoncerait-elle un improbable retournement de situation ? Olivier Blanchard n’est pas n’importe qui. Membre du conseil scientifique de l’Ecole d’Economie de Paris, ancien membre du conseil d’analyse économique, il est professeur au MIT et chef économiste au FMI. Nous sommes donc semble-t-il, au plus près du cœur du mainstream et, du coup, la critique est on ne peut plus dévastatrice.En 2000, il avait procédé à une défense et illustration de la science économique durant la fronde des étudiants dénommée « mouvement anti-autisme en économie »

 « Des étudiants de l'École normale supérieure aux membres d'Attac, la science économique est accusée de (presque) tous les crimes: d'être mathématique et stérile, autiste, coupée du monde et des réalités. Et, crime suprême, anglo-saxonne. En son nom, je plaide non coupable D'être mathématique est sa force. C'est cette formalisation qui explique son extraordinaire développement.(…)  Et pour le commun des mortels, ou au moins le commun des chercheurs, la complexité des relations entre les acteurs économiques est telle que le seul moyen d'éviter des erreurs de logique est de recourir à la formalisation.(Olivier Blanchard : « Défense de la science économique » - Libération - 16 octobre 2000- http://www.liberation.fr/tribune/2000/10/16/defense-de-la-science-economique_340802 )

 Pourtant quatorze ans plus tard il écrit ceci :«  Jusqu’à la crise financière mondiale de 2008, la pensée macroéconomique dominante aux États-Unis ne se souciait guère des fluctuations de la production et de l’emploi. (…) Les techniques que nous employons affectent notre mode de pensée de manière profonde et pas toujours consciente. C’était tout à fait le cas dans le monde de la macroéconomie durant les décennies qui ont précédé la crise. Ces techniques collaient particulièrement bien à une idée du monde où les fluctuations économiques existaient certes, mais étaient régulières et pour l’essentiel autocorrectrices. Le problème est que nous en sommes venus à croire que c’était ainsi que le monde fonctionnait.Pour comprendre comment on en est arrivé là, il faut remonter à ce qu’il est convenu d’appeler la révolution des anticipations rationnelles des années 70. (…) « La nouveauté, c’était la prolifération de techniques de modélisation basées sur l’hypothèse que les individus et les entreprises faisaient de leur mieux pour prédire l’avenir. (…) « Ces techniques n’avaient cependant de sens que si l’on considérait que les fluctuations économiques étaient assez régulières pour que les individus et les entreprises (et les économétriciens qui passent l’économie au crible des statistiques) puissent en comprendre la nature et construire des anticipations pour l’avenir, et assez simples pour que les petits chocs aient de petits effets sur l’activité économique et un choc deux fois plus grave des effets deux fois plus importants. La base de cette supposition était technique : les modèles non linéaires — ceux qui prédisent qu’un petit choc, par exemple une baisse des prix immobiliers, peut parfois avoir de grands effets, ou que l’effet d’un choc dépend du contexte économique — étaient difficiles, voire impossibles, à résoudre sur la base de l’hypothèse des anticipations rationnelles. (…) « Nous qui étions au contact du terrain pensions que l’économie était grosso modo linéaire, constamment sujette à différents chocs et constamment fluctuante, mais revenait en définitive à son état d’équilibre. »(Olivier Blanchard : « Les dangers qui nous guettent » - Finance et Développement – Septembre 2014 - http://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/fre/2014/09/pdf/blanchard.pdf)

 

Bibliographie citée :

-          Georges A. Akerlof et Robert J. Shiller : «  Les esprits animaux – comment les forces psychologiques mènent l’économie et la finance » - Pearson – 2009.

-          Richard Arena (dir) : « L’économie, une science qui nous gouverne ? – Leçons de crise » - Actes Sud - 2011

-          Dan Ariely : C'est (vraiment ?) moi qui décide 2008- Flammarion

-          Christian de Boissieu et Bertrand Jacquillat (dir.) : « A quoi servent les économistes ? » - P.U.F. – 2010.

-          Bertrand Collomb « La nécessaire ambition scientifique de l’économie : le regard d’un homme d’entreprise » - préface à R. Arena op. cit.

-          Jean Pierre Dupuy : « L’avenir de l’économie » - Flammarion - 2012

-          Jean Paul Fitoussi : « Le théorème du lampadaire » - « Les liens qui libèrent » - 2013

-          Philippe Herlin : « Repenser l’économie » - Eyrolles – 2012.

-          Paul Jorion : «  Misère de la pensée économique » - Fayard – 2012

-          Paul Jorion : « L’argent, mode d’emploi » - Fayard - 2009

-          Paul Jorion : «  Le prix » - Fayard - 2010

-           Claude Mouchot (dir.) « Pour que l’économie retrouve la raison » (Economica – 2010)

-          André Orlean : « L’empire de la valeur » - Seuil - 2011

-          John Qiggin : « économie zombie : pourquoi els mauvaises idées ont la vie dure »  - Saint-Simon – 2013.

-          Georges Soros : « La vérité sur la crise financière » - Denoël – 2008.

-          Joseph Stiglitz : « Le triomphe de la cupidité » - « Les liens qui libèrent » - 2010.

-          Christian Stoffaës : «  La financiarisation des économistes » in Christian de Boissieu et Bertrand Jacquillat (dir.) : « A quoi servent les économistes ? » - P.U.F. – 2010.

-          Nassim Nicholas Taleb : « Le cygne noir – La puissance de l’imprévisible» - Les belles lettres - 2008

-          Bernard Traimond : « L’économie n’existe pas » - « Le bord de l’eau » - 2011

-          Christian Walter et Michel De Pracontal : «  Le virus B – Crise financière et mathématiques » – Seuil – 2009.

 

 

 

 

[1] Cette liste n’est, bien entendu, pas exhaustive et le choix des livres répond à un principe très simple qui est celui de mes lectures, de mes engouements et du hasard des rencontres. Il manque donc énormément d’ouvrages et sûrement des ouvrages essentiels.

[2] On peut rappeler que les avertissements avaient été faits dans des ouvrages grand public dès 1999 par Georges Soros dans « la crise du capitalisme mondial » et André Orléan dans « Le pouvoir de la finance ». On peut signaler également l’article de James Galbraith « Mais qui sont donc ces économistes ? » accessible sur le site de « la vie des idées » - http://www.laviedesidees.fr/Mais-qui-sont-donc-ces-economistes.html

[3] Paul Krugman : « nous nous sommes tant trompés » - 2 septembre 2009 -  http://thorstein.veblen.free.fr/index.php/documents/81-paul-krugman-nous-nous-sommes-tant-trompes.html

[4] Christian Stoffaës : «  La financiarisation des économistes » in Christian de Boissieu et Bertrand Jacquillat (dir.) : « A quoi servent les économistes ? » - P.U.F. – 2010.

[5] Jean Paul Fitoussi : « Le théorème du lampadaire » - « Les liens qui libèrent » - 2013

[6] Dans Christian de Boissieu et Bertrand Jacquillat (dir.) : « A quoi servent les économistes ? » - P.U.F. – 2010

[7] Joseph Stiglitz : « Le triomphe de la cupidité » - « Les liens qui libèrent » - 2010.

[8] Dan Ariely : C'est (vraiment ?) moi qui décide 2008- Flammarion

[9] Christian Walter et Michel De Pracontal : «  Le virus B – Crise financière et mathématiques » – Seuil – 2009

[10] Claude Mouchot (dir.) « Pour que l’économie retrouve la raison » (Economica – 2010)

[11] Paul Jorion : Les pêcheurs d’Houat : anthropologie économique, coll. « Savoir », Hermann, Paris, 1983

[12] Paul Jorion : « L’argent, mode d’emploi » - Fayard - 2009

[13] Jean-Pierre Dupuy et Paul Dumouchel, L'enfer des choses, Seuil, 1979

[14] Jean Pierre Dupuy : « L’avenir de l’économie » - Flammarion - 2012

[16] André Orléan : Le pouvoir de la finance - Odile Jacob - 1999

[17] André Orlean : « L’empire de la valeur » - Seuil - 2011

[18] Georges Soros : « La crise du capitalisme mondial - l'intégrisme des marchés » - éd. Plon-1999

[19] Georges Soros : « La vérité sur la crise financière » - Denoël – 2008

[20] Nassim Nicholas Taleb : « Le cygne noir – La puissance de l’imprévisible » - Les belles lettres - 2008

[21] Pour précisions, voir Christian Walter et Michel De Pracontal : «  Le virus B – Crise financière et mathématiques » – Seuil – 2009.

[22] Et par ailleurs, membre éphémère du Front National et candidat à la direction du Medef.

[23] Philippe Herlin : « Repenser l’économie » - Eyrolles – 2012

[24] John Qiggin : « économie zombie : pourquoi els mauvaises idées ont la vie dure »  - Saint-Simon – 2013

[25] Une comparaison avec la présentation des hypothèses dans l’ouvrage grand public de Pablo Jensen « Des atomes dans mon café crème » est éclairante.

[26] Pablo Jensen « Des atomes dans mon café crème » - 2001 – Point Seuil.

[27] C’est l’avis de Richard C. Lewontin   dans « La triple hélice : Les gènes, l'organisme, l'environnement » - Seuil - 2003

[28] J’ai sidéré un enseignant de sciences physiques avec cet article de Claude Mouchot : « De quelques analogies physiques en économie politique» - Revue européenne des sciences sociales, Tome XXXVIII, 2000, N° 117.

Ajouter un commentaire