SIMMEL ET LES SCIENCES HUMAINES - EXTRAITS

SIMMEL ET LES SCIENCES HUMAINES

(sous la direction de P. Watier et O. Rammstedt - Méridiens Klincksieck)

EXTRAITS

"Philosophie des geldes" –

La référence méthodologique de l'interprétation de la pensée de G. Simmel. (J. Freund).

Contrairement aux autres auteurs classiques Simmel n'a pas écrit d'ouvrages de méthodologie; cependant "la philosophie de l'argent" peut en tenir lieu. Il ne s'agit pas d'un ouvrage de science économique mais, selon Simmel, de sociologie philosophique.

- L'idée centrale de la méthode de simmel est que l'analyse des petits faits est aussi légitime que l'analyse des faits majeurs. Cela vient du fait que pour lui la recherche n'est jamais close, notamment par l'élaboration de théories globales.

- Pour lui il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises méthodes mais des méthodes adaptées ou non  à des conditions données. Une méthode n'est jamais définitive mais toujours provisoire. Ainsi l'analyse de l'argent ne relève pas seulement de l'économie mais d'un ensemble d'autres disciplines.

- L'objectivité "pure" n'est jamais possible, elle reste marquée par les présupposés philosophiques sur les quels repose la démarche du scientifique, par la sélection des données et par ses préférences affectives. Il n' y a donc pas de coïncidence entre l'ordonnancement des données de la réalité et l'ordonnancement des choses conceptualisées par l'intellect et le jugement.

- Dans la "philosophie de l'argent" simmel commence par montrer que la notion de valeur implique une dualité entre le sujet et l'objet. Il montre ensuit qu'il y a interaction entre les différents domaines humains : si l'argent est lié à une fin économique, il développe ensuite des fins non économiques qui elles mêmes réagiront sur la sphère économique : ainsi l'argent développe le sens de la quantification ce qui modifie qualitativement les relations humaines.

- Il renouvèle le thème classique de la forme et du contenu : les formes ont tendance  às'objectiver et à devenir indépendantes des volontés. ces formes se répètent dans l'histoire et garantissent une certaine constance. Cependant la séparation toujours accrue entre les formes anonymes et le vécu des êtres constitue la tragédie (ou crise) de la culture.

- L'action réciproque est au coeur de sa démarche. Pour la comprendre il faut se référer à sa théorie de l'action et comprendre que si elle dépendante de la causalité elle ne peut exister sans une téléologie (une intention). L'action réciproque n'es pas un processus mécanique elle est un enchevêtrement d'actions finalisées.

- Après Tarde, il insiste sur l'importance du nombre dans les relations sociales. Passer de 2 à 3 individus modifie qualitativement l'interaction. Aussi préfère-t-il le concept de socialisation à celui de société, exprimant que la société est en perpétuel recomposition.

- Il ébauche l'idée de fragment : chaque fragment (ou petit fait) est une sorte d'échantillon de la réalité entière (microcosme ou fractal).Cela  a une triple signification : la recherche empirique ne peut porter que sur un fragment du réel. Les diverses recherches fragmentaires, par leur confrontation, vont permettre d'affiner l'analyse. Cela explique l'intérêt de simmel pour la comparaison, en fait pour l'analogie entre des domaines forts différents mais qui relèvent d'un même concept.

 

Simmel : une ressource pour la sociologie théorique. (D.N. Levine).

 

- En introduction l'auteur rappelle la place "d'étranger" de simmel dans la production sociologique.

-1è partie : les emprunts à Simmel répondent à quatre besoin s pratiques.

            + Simmel donne une définition spécifique des faits sociaux.

            + Les nombreux écrits de Simmel ont été facilement intégrés dans des '"readings" (ex de Park et Burgess).

            + On s'est souvent servis des intuitions de Simmel sur des problèmes précis (ex de l'étranger repris par Park, la ville par Wirth, les petits groupes et Moreno).

            + Simmel a servi de légitimation à de nouvelles orientations théoriques (Homans, Gouldner,...).

-2è et 3è partie : Simmel apparait comme le représentant du "pluralisme méthodologique". C'est le plus net dans "les problèmes de la philosophie de l'Histoire". Il s'oppose au réalisme historique de Rankele savoir ne peut être construit qu'en fonction de multiplies catégories, irréductibles les unes aux autres, selon des "points de vue". De plus les différents domaines des sciences sociales dépendent de présupposés philosophiques qui sont multiples et irréductibles les uns aux autres.

- 4è partie :Cependant si Simmel milite pour un pluralisme méthodologique, dans le cadre de la sociologie il est moniste (ne reconnaît qu'une seule démarche)et "réaliste". En effet Levine considère que sous une même appellation "d'interactions sociales" Simmel rassemble des éléments différents et qu'il traite ces interactions comme s'il s'agissait de données de nature.

- 5è partie : il y a deux aspects à retenir chez Simmel, les contenus et les formes. Pour lui, les formes modèlent les contenus et, dans les élaborations les plus générales, constituent des "mondes". Cependant d'après Simmel certains contenus semblent avoir une prédisposition pour certaines formes. Donc l'influence des formes sur le contenu n'est pas si simple.

- 6è partie : Simmel est malgré tout le sociologue le plus proche de la pluralité méthodologique, avec Weber.

- 7è partie : Levine passe en revue les mérites des attitudes autres que le pluralisme méthodologique (monoisme, sémantisme, polémisme, scepticisme, éclectisme.

 

 

 

 

 

Ajouter un commentaire