CIRCUIT ECONOMIQUE

(Niveau début de première).

 

J’utilise ce texte en début de première pour montrer qu’en économie on ne peut prédire à coup sûr les conséquences d’une décision. Cà permet également de montrer la multiplicité et la complexité des interactions.

 

Connaissez vous le jeu des "mondes parallèles" : Que se serait il passé si… ? Voici trois histoires possibles sur ce qui aurait pu se passer après des élections.

 

Scénario 1 :

            Ce coup ci, ils avaient gagné, ils avaient la majorité des voix et on allait appliquer leurs propositions. Le nouveau gouvernement prônait une hausse massive des salaires afin que chacun puisse dépenser plus. Le surcroît de dépenses devrait permettre aux entreprises de produire plus et d’embaucher. On s’attendait à une forte réduction du chômage.

 

Scénario 2 :

            Ils avaient eu à nouveau la majorité des voix aux dernières élections et le gouvernement pourrait continuer sa politique de baisse des impôts. En réduisant les impôts sur le revenu, il permettrait aux salariés de conserver un peu plus de pouvoir d’achat afin de consommer, ce qui ne pourrait être que bénéfique pour la production et l’emploi. En réduisant les impôts sur le bénéfice des entreprises, il permettrait à ces dernières d’investir afin d’être plus compétitives et de produire plus. A terme, on espère pouvoir développer l’emploi et réduire le chômage.

 

Scénario 3 :

            Le gouvernement avait fini par accéder à leurs demandes répétées. Il devenait nécessaire d’augmenter les impôts afin d’augmenter les dépenses sociales et lutter contre la pauvreté croissante. Rien n’était plus urgent !

 

 

            Les choses se sont elles passées comme espéré dans chaque cas ? Peut être… ! Mais peut être aussi que…

 

            Dans le premier cas (scénario 1), les ménages se sont bien mis à consommer mais ils n’ont pas acheté que des produis du pays, loin de là, et ont surtout acheté des produits allemands, américains ou japonais. Les entreprises n’ont que peu profité de cette reprise de la consommation. Cela a même été plus loin car pour faire face à la concurrence des entreprises étrangères, elles durent comprimer leurs prix. Comme les salaires qu’elles versaient ont augmenté, leurs profits baissèrent dramatiquement. A terme, elles ne purent se moderniser, eurent de plus en plus de mal à faire face à la concurrence et licencièrent. Face à cette croissance du chômage, les ménages s’inquiétèrent et eurent tendance à épargner et à limiter leur consommation au nécessaire.

            Dans le deuxième scénario : dans un premier temps les ménages en profitèrent pour consommer et les entreprises pour investir et produire plus. Mais, comme dans le cas précédent, une bonne partie des achats se porta sur des produits étrangers, réduisant les effets bénéfiques espérés. Le chômage, qui était important au départ, baissa, mais très peu ; il fallut donc continuer à financer des allocations chômage. Mais la baisse des impôts était telle qu’il n’était plus possible de financer à la fois les allocation  chômage, les allocations familiales, le développement de l’école, l’entretien des routes,…il fallut donc faire des choix. La précarité d’un grand nombre de personnes s’accentuant, la consommation fut moins grande, les entreprises produirent moins,…

            Dans le troisième scénario, les hommes furent secourus et on ne peut pas dire que la pauvreté s’est étendue, loin de là…Du moins, au début. Car pour financer ces aides, il fallut augmenter les impôts à un point tel que le pouvoir d’achat des salariés se réduisit, ainsi que le profit des entreprises. Les premiers consommèrent moins, les seconds réduisirent leurs investissements, la production baissa, le chômage augmenta,…Il fallut bien augmenter les impôts pour payer les allocations chômage.

 

            Dans les trois histoires que nous venons de relater, les politiques envisagées auraient fort bien pu réussir mais elles échouèrent toutes les trois.

 

Questions :

1) Définissez ou expliquez les termes : salaire, profit, investissement, chômage, production

2) Représentez schématiquement les effets attendus de chaque politique.

3) Représentez schématiquement les résultats de chaque politique.

 

 

                                               Quelles leçons peut on tirer de ces histoires ?

            D’abord que ceux qui avaient proposé ces politiques l’avaient fait honnêtement et avaient de bonnes raisons de le faire. Mais si les politiques proposées ont échoué, c’est qu’on n’en avaient pas envisagé tous les effets possibles. En fait, chacun avait envisagé les effets des mesures dans son environnement proche mais n’avait pas pris en compte les effets indirects sur le reste de la société : comme dit le proverbe « chacun voit midi à sa porte » : les salariés voyaient bien qu’en augmentant les salaires, ils consommeraient plus mais n’avaient qu’une vague idée de ce que feraient les entreprises. Les entrepreneurs, en demandant une baisse des impôts, voyaient bien que cela leur permettrait d’investir mais avaient une conscience plus confuse de ce qu’ils perdraient avec un accroissement de la précarité.

 

            La première attitude à avoir quand on veut analyser un problème économique, c’est de savoir aller au delà de son cas personnel pour prendre en compte l’ensemble des liens que nous entretenons avec les autres agents économiques et l’ensemble des liens que ce agents entretiennent entre eux. La construction d’un circuit économique est un bon exercice pour avoir conscience de ces diverses relations.

 

Questions :

4) Construisez un circuit économique montrant les relations entre trois agents – entreprises, ménages, Etat, étranger – représentés par des cases et les relations qu’ils entretiennent – salaires, profits, consommation, investissement, impôts, aides sociales, importations, exportations - par des flèches.

 

                        Quelles leçons tirer ?

-          Qu’en économie, les agents sont tous interdépendants et qu’on ne peut étudier les effets d’une politique économique sur un agent sans tenir compte des effets sur les autres agents économiques.

-          Que les résultats d’une politique économique peut correspondre à ce qui était attendu mais qu’il peut aussi y avoir des effets inattendus, et souvent négatifs, qu’on appelle des « effets pervers.

-          - Qu’on ne peut donc être sûr à 100% des effets des mesures qu’on prend. Ce qu’on peut faire de mieux, ce sont des « scénarios ».

-          Qu’enfin, si quelqu’un prétend que « les choses se passent ainsi et pas autrement » ou que « telle cause entraîne toujours telle conséquence », fuyez cette personne qui est probablement en train de vous « embobiner ». En économie, les vérités éternelles sont exceptionnelles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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